Persévérer... dans son rôle de parents
Introduction
Quel parent ne veut pas voir son enfant réussir ? Lorsque nous avons un enfant ayant un défi d’apprentissage, on peut se sentir déstabilisé dans nos pratiques parentales et dans notre estime personnelle. Ses difficultés peuvent grandement nous affecter. Voici nos 3 meilleurs conseils pour vous aider à persévérer devant les difficultés de votre enfant.
1. L’importance de votre propre estime
Pour accompagner un enfant ou un adolescent qui rencontre un défi d’apprentissage, vous devez d’abord travailler sur votre propre estime. C’est cette dernière qui vous aidera à affronter différents obstacles, à persévérer et qui fera de vous un pilier pour votre enfant.
L’estime se construit de différentes façons :
par des besoins comblés,
en se sentant en sécurité et aimé,
mais aussi quand on parvient à se définir en tant que personne.
Lorsque nous avons développé notre identité en tant que personne, il est plus facile d’avoir confiance en nous et en nos compétences. Parfois, en devenant parent, il arrive que nous mettions cette identité d’individu un peu de côté. Peut-être avez-vous le sentiment d’être uniquement un parent ? Si c’est le cas, cela pourrait vous faire tomber dans le piège de la culpabilité.
Si votre estime se base uniquement sur la perception de vos compétences à titre de parents et que votre enfant ne parvient pas à répondre aux standards scolaires, vous pourriez douter de vous-mêmes.
En avez-vous assez fait ?
Êtes-vous responsable de ses difficultés ?
Êtes-vous un bon parent ?
La première étape pour soutenir votre enfant, c’est de travailler sur votre propre estime et développer votre sentiment de compétence. En vous épanouissant grâce à vos forces et compétences dans différents domaines, vous vous sentirez confiant comme individu, pas seulement comme parent. Cette confiance vous permettra d’être un pilier et surtout, un modèle pour votre enfant.
2. Les notes et résultats scolaires
Mon deuxième conseil est le suivant : voyez au-delà des notes ! Si votre vision de la réussite et vos attentes se basent uniquement sur ces dernières et que votre enfant rencontre des difficultés scolaires, vous serez déçu et votre enfant subira une certaine forme de pression. Vous aurez l’impression de ne pas en avoir fait suffisamment. À long terme, vous serez peut-être même découragé, voire démotivé. Concentrez-vous sur d’autres compétences. Ainsi, que votre enfant soit en réussite ou en échec, vous aurez toujours quelque chose de positif à lui transmettre.
Votre enfant a eu tout bon lors de la dictée du vendredi ? Complimentez-le sur sa calligraphie, l’organisation de sa feuille, sur les efforts qu’il a mis à l’école et à la maison. La dictée ne s’est pas bien déroulée ? Sa calligraphie peut quand même être complimentée et vous pouvez mentionner ses efforts. L’important, c’est de valoriser les efforts, pas nécessairement le résultat !
La réussite scolaire n’est pas garante de la réussite de vie. Peut-être que la difficulté de votre enfant consiste à aller à l’école, mais il a certainement d’autres talents qui ne se reflètent pas dans les notes. Les qualités humaines comme la générosité, l’empathie et la capacité à créer des liens avec son entourage l’aideront à construire son identité. Peut-être même plus que la dictée du vendredi !
3. Ne portez pas tout sur vos épaules
Peut-être avez-vous tendance à tout prendre sur vos épaules. Votre enfant vit un échec scolaire, vous vous posez ces questions :
Est-ce qu’il a vraiment bien utilisé ses outils et ses stratégies ?
A-t-il manqué de temps ?
Est-ce qu’il a posé des questions ?
Est-ce qu’il a bien compris les consignes ?
Est-ce qu’il a fourni tous les efforts ?
A-t-il pris le temps de vérifier son travail ?
Plutôt que de VOUS poser toutes ces questions, profitez-en pour le faire avec votre enfant. À petites doses, apprenez-lui à prendre certaines responsabilités sur ses épaules à lui. Prenez le temps de le questionner, analysez avec lui ce qui s’est produit. Attention, ne déversez pas une tonne de critiques sur lui ! Si son estime est fragile, il n’aura pas assez confiance pour recevoir tout ça. L’objectif est de se donner des stratégies pour faire différemment la prochaine fois et que l’on peut faire des apprentissages à la suite d’une difficulté rencontrée.
Demandez-lui son opinion, invitez-le à se remettre en question.
Quels outils as-tu utilisés et pourquoi ?
Comment ces outils t’ont-ils aidé ?
Comment décrirais-tu les efforts que tu as mis pour cet examen ?
Dis-moi dans tes mots ce que tu as compris. Penses-tu que c’est ce qui était attendu de toi ?
Approfondir la réflexion avec votre enfant vous donnera accès à ses pensées. Soyez à l’écoute, accueillez ce qu’il a à dire, sans jugement. Cette ouverture lui donnera envie d’être honnête. Ainsi, vous découvrirez peut-être qu’en effet, il n’a pas tout donné parce qu’il se sentait trop fatigué. Ou alors, qu’il n’a pas utilisé ses outils parce qu’il n’avait pas envie d’aller prendre son ordinateur au fond de la classe ou parce qu’il avait oublié ses écouteurs. Ces informations vous donnent des outils d’intervention et des informations à partager avec l’enseignante. Vous pourrez vous mettre en mode solution et travailler avec votre enfant. Que faire la prochaine fois pour éviter que ça se reproduise ?
Rappelez-vous qu’un trouble de l’apprentissage ou une difficulté scolaire n’impacte en rien le potentiel intellectuel de votre enfant, ni même votre potentiel de compétence parentale. Parfois, il faut apprendre à voir les choses au-delà du monde scolaire !
Les propos de cet article sont inspirés de la conférence de Suzanne Vallières, lors de la Journée-Parents de l'Institut des troubles d'apprentissage du 26 novembre 2022.
Pour aller plus loin
Vallières, S. L'estime de soi chez les parents, Journée-Parents de l'Institut des troubles d'apprentissage, 26 novembre 2022 [en ligne]; Québec, Montréal.
Théberge, N. (2008). Le décrochage et la persévérance scolaires: les perceptions des jeunes et leurs pistes de solutions (Doctoral dissertation, Université du Québec à Trois-Rivières).
Guay, F., Larose, S., Ratelle, C., Sénécal, C., Vallerand, R. J., & Vitaro, F. (2007). Mes amis, mes parents et mes professeurs: Une analyse comparée de leurs effets respectifs sur la motivation, la réussite, l'orientation et la persévérance scolaires. Université de Laval.
Trudelle, D. & Montambault, E. (1994). Le sentiment de compétence parentale chez des parents d’enfants d’âge préscolaire. Service social, 43(2), 47–62.
Un peu plus sur l'autrice
Laurence évolue depuis toujours dans le domaine de l’éducation, comme orthopédagogue ou enseignante en adaptation scolaire. Elle a travaillé auprès d’une multitude de clientèles, allant de la déficience intellectuelle à l’autisme, en passant par le Parcours de formation axée sur l’emploi et les défis d’apprentissage. Les apprenants en difficulté sont ceux qui lui tiennent le plus à cœur.