Quand l’été rime avec anxiété : gérer le stress hors de l’école
Introduction
Tout au long de l’année scolaire, votre enfant est confronté à des situations lui faisant vivre du stress, et parfois, de l’anxiété. Les périodes d’examen, les remises de travaux, ainsi que les devoirs et leçons peuvent venir avec un lot de défis, surtout si votre enfant rencontre des difficultés scolaires. L’arrivée de l’été vous fait espérer une pause de toutes ces émotions négatives et un enfant plus détendu. Cependant, même avec la disparition de ces sources de stress, vous le trouvez encore agité et tendu. À vos yeux, il n’en vit pourtant plus … Eh bien, non! Votre enfant peut encore être confronté à des sources de stress durant l’été qui peuvent le mener à des débordements émotionnels et comportementaux.
Les différents types de stress
D’abord, il faut comprendre qu’il existe différents types de stress et qu’en vivre est tout à fait normal. Le stress, c’est un peu notre carburant! Il peut nous aider à fonctionner, à nous stimuler pour accomplir des tâches au quotidien. C’est la même chose pour votre enfant. Il y a une problématique quand nous vivons trop de stress ou que nous glissons vers l’anxiété.
Pour un enfant, ce type de stress se manifeste dans des situations quotidiennes : faire une présentation à l’avant de la classe, faire face à un examen, remettre un travail, rencontrer les amis d’un nouveau groupe ou gérer des disputes entre pairs. Ce type de stress n’a généralement pas d’impact durable sur le corps, car il ne perdure pas longtemps. Il agit comme un moteur qui aide les enfants à grandir, à apprendre et à s’adapter aux changements autour d’eux.
Le stress ne se limite pas uniquement aux situations qui nous irritent ou nous mettent dans un état de tension. Il inclut également les stimulations de l’environnement de votre enfant, telles que les cris dans sa classe ou au camp de jour, les odeurs particulières ou les disputes entre amis dont il est témoin. Ces éléments, bien que souvent considérés comme mineurs, peuvent influencer son état émotionnel.
Il s’agit d’un niveau de stress plus élevé que le précédent. Contrairement à ce dernier, il ne fonctionne pas comme un moteur pour améliorer la performance ou accomplir des tâches. Ce type de stress n’est généralement pas recherché dans notre quotidien, mais est parfois inévitable lors de grands événements de la vie. Prenons l’exemple d’un enfant ayant des difficultés d’apprentissage qui est confronté à la période d’examens ministériels. Cette période peut s’avérer particulièrement difficile pour lui, nécessitant d’importantes adaptations et pouvant perturber sa routine habituelle. Ce type de stress requiert souvent un soutien supplémentaire pour aider l’enfant à gérer les défis auxquels il est confronté.
Souvent, nous croyons qu’une fois l’année scolaire terminée, les enfants ne sont plus confrontés au stress, mais c’est faux. Le stress tolérable peut être moins fréquent pendant la période estivale, mais les enfants peuvent tout de même expérimenter des formes de stress positif. À la longue, cela peut l’amener à avoir des réactions explosives! Il faut donc être conscient de ce qu’est ce type de stress et de la façon dont il peut se manifester.
Fin de l’année scolaire, fin du stress?
Ce n’est pas aussi simple. Rappelez-vous, le stress englobe aussi les stimulations de l’environnement. Que votre enfant soit à l’école, dans un camp de vacances ou à une fête d’amis, il y en aura, des stimulations! Ces petits stresseurs quotidiens, un à la suite de l’autre, auront très certainement un impact sur lui. Imaginez un bidon de stress qui se remplit au fur et à mesure que la journée avance. Lorsque le bidon est rempli, un tout petit événement de rien du tout peut suffire à le faire déborder. (Lupien, 2019)
L’analogie du bidon de stress illustre bien comment les enfants accumulent le stress tout au long de la journée. Imaginez que chacun commence sa journée avec un bidon complètement vide. Dès son arrivée au camp de jour, il vit un conflit avec un ami, remplissant légèrement son bidon. Au fil de la journée, il est confronté à des bruits, des odeurs et du mouvement. Ces stimulations sont des stresseurs qui peuvent le placer en surcharge. Cela s’ajoute à son bidon. L’après-midi, malgré l’excitation d’une sortie à la piscine, il est confronté à la chaleur de l’autobus, les cris des enfants et le coude de son ami qui ne cesse de le cogner sur son banc.
Bien qu’il soit capable de gérer ces situations, son bidon se remplit progressivement jusqu’à être presque plein. De retour à la maison, une simple demande de votre part pour qu’il range ses chaussures et son sac peut le faire déborder. Il explose, lançant alors son sac et ses chaussures en criant et pleurant. Cette crise n’est pas vraiment due à votre demande de ranger ses affaires, mais plutôt à l’accumulation de stress tout au long de la journée.
Les jeunes enfants n’ont pas encore la maturité affective nécessaire pour gérer leurs émotions de façon autonome. Ils ont besoin d’être accompagnés pour apprendre à faire face. Lorsqu’un enfant vit de grandes émotions sans soutien, cela peut encore engendrer du stress! Il est donc important de permettre à l’enfant de « vider son bidon de stress » en le laissant exprimer ses émotions. Par exemple, lui donner vingt minutes pour pleurer à satiété peut être une façon saine de se décharger et de retrouver son calme.
La recette du stress de votre enfant
Même en l’absence des contraintes scolaires habituelles, cela ne signifie pas que l’environnement de votre enfant est dépourvu de facteurs de stress! Nous avons mentionné les stimulations de l’environnement, mais il y a d’autres déclencheurs. Pour les comprendre, vous pouvez vous référer à l’acronyme CINÉ, proposé par Sonia Lupien, qui identifie quatre éléments générateurs de stress. Chaque individu peut être particulièrement sensible à l’un de ces éléments, voire à tous. Identifier ces déclencheurs est essentiel pour aider votre enfant à gérer son stress efficacement.
Contrôle faible : D’habitude, c’est moi le premier dans le rang. Mon animatrice me demande d’être à l’arrière, aujourd’hui. Je n’ai pas le contrôle sur cette décision. Ça me rend inconfortable.
Imprévisibilité : J’aime dîner avec mon amie Aisha, mais aujourd’hui elle est malade. Je ne sais pas avec qui dîner. Et si elle était malade pour toujours? Et si je n’avais personne avec qui dîner?
Nouveauté : D’habitude, dans ma ligue de soccer, je joue à la défense. Aujourd’hui, on me place à l’avant. Je n’ai jamais fait ça, je ne sais pas comment faire. Je me sens mal!
Égo menacé : Je participe à un spectacle de gymnastique cet été. J’ai peur de tomber et de ne pas réussir ma routine de groupe. Et si les gens riaient de moi? Et si on me criait des insultes?
Une fois que vous aurez identifié les déclencheurs spécifiques du stress de votre enfant, vous serez mieux équipé pour le soutenir, le rassurer et trouver des solutions adaptées. Cependant, il est également important de réfléchir à vos propres déclencheurs de stress. Votre stress a un impact direct sur vos enfants, un phénomène connu sous le nom de contagion émotionnelle. Gérer efficacement votre propre stress est crucial avant de pouvoir accompagner votre enfant. En prenant soin de votre bien-être émotionnel, vous créez un environnement plus stable et plus sécurisant pour toute la famille.
Les stratégies
Bien qu’il soit inévitable pour un enfant, et aussi un adulte, d’être confronté au stress, certains facteurs ont tendance à l’augmenter. Plusieurs stratégies peuvent soulager et même aider à mieux gérer ce stress. Adoptez ces stratégies dans votre quotidien pour aider votre enfant… et vous-mêmes.
Il arrive que votre enfant doive simplement libérer son stress, que ce soit en pleurant, en partageant ses soucis avec vous ou en exprimant des émotions qu’il ne peut maîtriser. Dans ces moments, donnez-lui l’espace nécessaire pour gérer ce surplus en toute sécurité. Écoutez-le et permettez-lui de libérer ses sentiments sans chercher à rationaliser ses réactions, car il n’est pas en état de le faire.
Face à des situations qui provoquent beaucoup de stress ou de peur chez l’enfant, l’instinct peut être de les éviter complètement. Cependant, cela ne l’aide pas à long terme. L’exposition graduelle aux sources de peur ou de stress peut réduire son inconfort. Sa zone de confort s’élargira progressivement, lui permettant de découvrir de nouvelles expériences et de gagner en confiance. Par exemple, si votre enfant a peur de la piscine, commencez par lui permettre de regarder les autres nager, puis asseyez-le près de l’eau, avant de l’encourager à y tremper ses orteils.
Maintenir une bonne hygiène de vie est crucial pour aider votre enfant à gérer le stress. Le sommeil est particulièrement important : assurez-vous d’établir une routine de sommeil régulière et bénéfique. Le manque de sommeil peut en effet augmenter le niveau de stress quotidien.
La gestion du temps d’écran est également essentielle. Les écrans peuvent accroître le stress et surcharger le système nerveux de l’enfant. Si votre enfant est sujet au stress et à l’anxiété, il est crucial de limiter son exposition aux écrans.
Article inspiré des propos de la conférence de Mélanie Bilodeau, psychoéducatrice - Journée Parents du 20 avril 2024.
Pour aller plus loin
Lupien, S. (2019). Recette du stress - CESH / CSHS. Centre d’études sur le stress humain.
Lupien, S. (2019). À chacun son stress. Éditions Va Savoir.
Lupien, S. (2019). À chacun son stress. Éditions Va Savoir.
Lupien, S. (2019). Recette du stress - CESH / CSHS. Centre d’études sur le stress humain.
Bilodeau, M. Accompagner le stress et l’anxiété chez l’enfant, Journée Parents de l’Institut des troubles d’apprentissage, 20 avril 2024 [en ligne] ; Québec, Montréal.
Un peu plus sur l'autrice
Laurence évolue depuis toujours dans le domaine de l’éducation, comme orthopédagogue ou enseignante en adaptation scolaire. Elle a travaillé auprès d’une multitude de clientèles, allant de la déficience intellectuelle à l’autisme, en passant par le Parcours de formation axée sur l’emploi et les défis d’apprentissage. Les apprenants en difficulté sont ceux qui lui tiennent le plus à cœur.