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Mon élève vit de grandes émotions : quoi dire et quand le dire?

Primaire

Introduction

De manière générale, faites-vous confiance! Lorsque vous observez qu’un élève ne se comporte pas comme d’habitude ou qu’il s’isole plus qu’à l’habitude, il vit peut-être quelque chose au niveau de ses émotions et il s’agit peut-être d’un appel à l’aide. Le plus important est d’intervenir au moment opportun, c'est-à-dire dès que vous faites une observation significative tout en faisant preuve de discrétion pour ne pas attirer l’attention de toute la classe sur l’élève.

Situation 1 : Agathe est anxieuse

Vous remarquez qu’une de vos élèves est très mal à l’aise à prendre la parole en public et qu’elle semble vivre beaucoup d’anxiété liée aux situations sociales. De plus en plus, ses notes sont impactées, car elle s’absente le jour de ses présentations orales et elle ne répond jamais lorsque vous la questionnez. Vous avez envie de l’aider, alors vous décidez de l’interpeler plus souvent pour qu’elle s’habitue au fait d’avoir le «projecteur» sur elle. Vous lui dites également «Tu n’as pas à être gênée Agathe. Même si tu fais des erreurs, cela va te permettre d’apprendre».

Malgré toute votre bonne volonté, cette intervention n’est pas la plus adéquate auprès d'Agathe.

Nos conseils : 

Si vous remarquez qu’un élève est gêné par la performance publique, vous pourriez lui demander comment il se sent, mais il faut éviter de le faire devant toute la classe. Même si vous le dites à voix basse, cela risque d’être très anxiogène pour le jeune. Dans le cas d’Agathe, vous pourriez prendre un moment avec elle pour lui demander si elle accepterait de rester à la fin de la période (juste avant la récréation par exemple). Il s'agira alors d’un moment privilégié pour discuter avec elle de ses émotions et surtout, de trouver des pistes de solutions pour l’aider. Le fait de l’impliquer dans cette démarche fera en sorte que le plan aura plus de chance de fonctionner. 

La technique à privilégier est l’exposition par paliers. On peut par exemple proposer à l’élève une alternative à l’exposé oral allant du moins exigeant jusqu’au plus exigeant selon ses besoins (d’où l'importance de l’impliquer pour déterminer les paliers).

Situation 2 : Charles n’est pas dans son assiette

Vous remarquez qu’un de vos élèves habituellement dynamique et enjoué est en retrait aujourd’hui en classe : il ne participe pas, il a la tête posée sur son bureau. Bref, il n’a pas l’air «dans son assiette»! Vous décidez alors d’aller le voir en lui disant «Tu as l’air fatigué aujourd’hui, Charles. Est-ce que tu as bien dormi?» Charles répond qu’effectivement, la nuit n’était pas bonne et l’enseignante lui propose alors d’aller se reposer dans le coin calme.

Nos conseils : 

Tout d’abord, l’enseignante a choisi un bon moment pour faire son intervention, mais elle aurait pu la pousser un peu plus loin. En effet, l’intervention pourrait cumuler deux intentions:

1) diminuer le «symptôme» observé, soit la fatigue;

2) essayer d’en savoir plus sur le bien-être psychologique de Charles. 

Ainsi, l’intervention proposée permettrait d’obtenir des éléments de réponse à la question «Pourquoi sa nuit n’était pas bonne?», en plus de le faire réfléchir à ce propos. Ainsi, l’enseignante pourrait proposer à Charles d’aller dans le coin calme avec un carnet et lui demander de noter les facteurs qui, selon lui, auraient pu contribuer au fait qu’il ait passé une mauvaise nuit. De plus, il pourrait noter les émotions et perceptions qu’il a ressenties au cours de la journée et les pensées qui y sont associées.

Cette technique d’intervention permet à Charles de le faire travailler sur le lien qu’il peut y avoir entre l’émotion, la cognition et le comportement. Dans notre exemple, l’enseignante apprendra au moment de la rétroaction sur les notes de Charles qu’il a mal dormi, car il était anxieux par rapport à une dispute que ses parents ont eue la veille.  Son anxiété l’a donc empêché de dormir de manière optimale. Par conséquent, son manque de sommeil a engendré une fatigue ressentie et perceptible ainsi qu’une difficulté à se concentrer en classe. Il est certain que l’enseignante ne va pas régler les problèmes familiaux, mais le fait d’avoir permis à Charles d’avoir mis des mots sur ses ressentis et de lui avoir permis de créer un lien, lui sera certainement bénéfique.

Marjolaine Masson
Neuropsychologue

Marjolaine est détentrice d'un doctorat en neuropsychologie depuis 2011. Elle est passionnée par les neurosciences et plus particulièrement par la neuroéducation. Son objectif professionnel est de rendre accessibles les données de la littérature scientifique afin d'aider les jeunes à utiliser de bonnes stratégies d'apprentissage.

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