4 outils numériques pour engager nos élèves dans leur cours de français
Introduction
Les outils numériques sont maintenant des incontournables dans la planification de mon cours de français. Dans un environnement numérique 1:1 où tous les élèves de mon école ont accès à un Chromebook, mon imagination est ma seule barrière créative. Inévitablement, je peux facilement me perdre dans l’éventail des applications qui s’offrent à moi. L’important, c’est d’aménager adéquatement mes cours pour que l’outil choisi puisse répondre à mon intention pédagogique.
En quoi ce support rend la tâche authentique pour l’élève?
Comment l’outil m’appuie dans l’enseignement explicite d’une notion donnée?
Comment cet outil diversifie la manière de rendre ma rétroaction à mes élèves?
Pourquoi ce support numérique rend la tâche inclusive pour mes élèves?
Comment cet outil me permet de faire de la différenciation pédagogique?
Est-ce que les outils que j’offre aux élèves durant une tâche me permettent la triangulation des preuves d’apprentissage (observations, conversations et productions)?
La suite Google pour l’éducation : le gagnant du triple C pour communiquer-collaborer-co-construire
Je réfléchis mon enseignement explicite d’un contenu à enseigner d’abord et avant tout à partir de Google Présentations. L’élève peut y voir rapidement l’intention pédagogique en arrière de la notion à travailler en classe. Je la présente en début de période et j’y reviens durant le cours afin de situer l’élève dans ses apprentissages. Google Présentations m’aide également à segmenter mon enseignement explicite au regard de mes cibles d’apprentissages et de la rétroaction que je dois faire à l’élève durant des moments précis de la réalisation d’une tâche donnée.
En fin d’apprentissage du texte argumentatif, je constatais que certains élèves devaient peaufiner leur écriture quant à l’énonciation de leur argument et à son étayage. J’avais des élèves forts pour qui il ne restait qu’à travailler le volet « personnalisation », alors que j’avais d’autres élèves qui présentaient des difficultés plus importantes en lien avec, entre autres, la subjectivité et la crédibilité des propos. Devant ce besoin de différenciation, j’ai donné des consignes de réécriture d’un paragraphe argumentatif, que tou.tes avaient déjà écrit, en demandant certains ajouts ou certaines modifications. Ceci se faisait dans un Google Présentations collaboratif afin que tous aient accès au travail des autres élèves dans la classe.
Durant leur écriture, en commentaires, j’ai pu donner rapidement de la rétroaction aux élèves en lien avec les consignes. Ensuite, je leur ai demandé, sur une base volontaire, d’aller lire le paragraphe d’un.e autre élève et de l’évaluer en donnant un élément coup de cœur et un élément à modifier ou à ajouter. Ce dernier devait être accompagné d’un exemple. Comme je l’avais prédit, cette rétroaction par les pairs a été faite par les élèves plus forts. Cette dernière tâche a été bénéfique, d’une part, pour les élèves forts, car cela les a amenés à réfléchir aux mécanismes de l’argumentation qui leur permettent d’évaluer les textes argumentatifs. D’autre part, les élèves ayant de plus grands défis ont pu bénéficier du regard de leur pair pour améliorer leur texte en s’appropriant une ou des stratégies d’écriture qu’utilisent d’autres élèves.
À la suite d’un projet qui s’est étiré sur deux semaines, j’ai donné aux élèves un billet de sortie, soit une forme d’autoévaluation très efficace pour voir ce qu’ont retenu les élèves à fin d’une tâche donnée. À l’aide d’un Google Présentations, j’ai nommé l’intention d’un billet de sortie aux élèves et les objectifs visés par celui qu’il.elles allaient devoir remplir. Ensuite, je leur ai donné le billet de sortie à l’aide d’un Google Formulaire. Cette pratique permet également de donner une voix aux élèves quant à leur expérience vis-à-vis le projet vécu en classe (question 3).
Depuis deux ans, Google Classroom représente un outil de planification et d’organisation pour l’élève. Je l’ai divisé en trois grandes sections :
Le calendrier des cours avec le détail de chaque séance (dates, intention(s) pédagogique(s) et travail à faire);
Les sections Outils pour chaque compétence (lire, écrire et communiquer) : stratégies travaillées tout au long de l’année et procéduriers
La partie Thèmes quand il y a une tâche qui se déploie sur plusieurs cours.
Mon prochain défi? Google Sites très certainement pour la diffusion des travaux des élèves. D’une part, ceci donne de la valeur à la tâche demandée aux yeux des élèves. Sachant que les travaux seront présentés sur un site de classe, les élèves ont davantage le souci de s’engager réellement dans la tâche et de remettre un produit qui se rapproche beaucoup plus de ce qui était attendu. D’autre part, ces travaux pourront servir d’exemples aux autres cohortes. Il est plus facile pour l’élève de comprendre la cible d’apprentissage et les différents niveaux de compétence atteints avec des exemples concrets.
Usito : votre allié pour briser l’isolement des élèves
Depuis septembre dernier, nous avons pris le virage numérique 1:1 dans notre école. Nous avons donc décidé, mon département de français et moi, d’expérimenter dès cette année les évaluations finales en écriture sur Chromebook ou sur tablette. Cela a fait en sorte que nous nous sommes appropriés deux outils essentiels pour réaliser les tâches écrites, soit l’application Formative et le dictionnaire électronique Usito de l’Université de Sherbrooke. Afin que les élèves puissent être adéquatement préparés à vivre les évaluations d’écriture de manière numérique, nous avons également intégré l’utilisation du site internet d’Usito en situation de lecture. Son impact a été immédiat : des élèves qui n’avaient pas ouvert un dictionnaire papier depuis très longtemps avaient désormais le réflexe de consulter Usito pour comprendre un mot nouveau. Donc, le simple accès à ce site en situation d’apprentissage et d’évaluation a pu diminuer les inégalités entre les élèves quant à leur bagage lexical.
Pour la prochaine année, je veux exploiter beaucoup plus systématiquement ce puissant outil à l’aide de tâches telles que:
un rallye lexical pour s’approprier les entrées lexicales (classes de mots, registre de langue, voisinage, etc.);
une écriture créative devant contenir des cooccurrences d’un ou de mots donné(s) (les sous-entrées);
une réécriture d’un paragraphe argumentatif avec contraintes: où le sujet ne peut apparaître qu’une fois en utilisant les synonymes que propose Usito.
Investir du temps en classe dans leur appropriation de cet outil numérique, c’est démocratiser son utilisation auprès de tou.tes nos élèves, particulièrement ceux et celles présentant des défis d’apprentissage en lien avec la lecture et l’écriture.
Canva : où la création engage tous les élèves
Canva a complètement changé mon rapport à la création, autant personnellement que dans ma pratique enseignante. Comme élève, j’ai souvent eu en horreur la partie création des projets, car je pouvais rapidement y perdre un temps considérable en réfléchissant, par exemple, à ce que je désirais comme résultat final sans savoir trop comment m’y prendre.
Cette application est en pleine ébullition. Chaque année, plusieurs fonctionnalités sont ajoutées pour repousser les limites de la créativité en processus d’apprentissage. Par exemple, l’intelligence artificielle en fait maintenant partie pour créer de nouvelles images selon les besoins de la création. Mon secret le mieux gardé pour arriver à ne pas trop m’y perdre dans ces nouveautés? Leur compte Twitter pour l’Éducation! J’y retrouve les présentations des nouvelles fonctionnalités lors des lancements, des tutoriels pour les intégrer dans nos créations et des idées de tâches à faire en classe.
Rendre accessible la création en classe, c’est engager tou.tes les élèves, spécialement ceux et celles qui ont en aversion toutes formes de production « originale ». Canva me permet d’avoir une certaine équité dans mon enseignement alors que l’application donne tous les outils nécessaires aux élèves pour réaliser leur projet. Les choix leur reviennent au regard de leurs forces et de leurs défis.
En français, les projets sont infinis:
-s’inspirer du monde de l’édition pour créer une publipage à partir d’un roman au choix;
-élaborer des affiches pour sensibiliser la communauté de l’école à diverses réalités des Premiers Peuples lors de la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation;
-créer une planche de tendances (venant de l’expression moodboard) à partir des indices de lieux et de l’atmosphère de la nouvelle littéraire d’anticipation Le quatrième monde d’Isabelle Picard.
Le web : la mine d’or pour du contenu authentique
Je considère que l’inclusion scolaire passe par la diversité des sujets pouvant être abordés en classe grâce à certaines plateformes Internet. Pour ce faire, il est facile de s’inspirer de contenu authentique disponible sur le Web pour engager ses élèves dans leurs apprentissages. Ainsi, quand vient le temps de planifier des contenus à enseigner, je puise dans l’actualité ou dans des contenus littéraires actuels pour y travailler des apprentissages à prioriser. Il y a des sujets qui sont plus universels que d’autres et qui perdurent dans le temps, alors qu’il y en a d’autres qui sont rattachés à un moment précis de l’histoire. Dans tous les cas, l’offre numérique du matériel possible pouvant être utilisé en classe est intéressante et, surtout, pertinente auprès de ses élèves. La curiosité demeure ma meilleure arme pour enrichir l’expérience culturelle de mes élèves dans ma classe. N’est-ce pas là l’objectif premier que devrait avoir le cours de français au secondaire?
Je tiens à souligner que l’utilisation des ressources Web engage les élèves dans leurs apprentissages, et ce, malgré le fait qu’ils puissent avoir des défis en français. En fait, l’offre des contenus qui s’y trouvent, soit en format audio ou vidéo, facilite la compréhension des élèves ayant des défis en lecture.
Actualité, reportages, magazines et émissions d’intérêt public sur des plateformes numériques gratuites:
Dans les médias | Magazine hebdomadaire animé par Marie-Louise Arsenault
L’avenir nous appartient | Du journalisme de solutions | Monic Néron et Émilie Perreault
Balados, émissions, livre audio et contenu cinématographique disponible gratuitement en ligne:
Œuvres littéraires complètes ou extraits en format numérique:
Biblius
Contenus et activités
Ressources pour aller plus loin
Sheninger, Eric. (2021). Disruptive Thinking in Our Classrooms : Preparing Learners for their Future. ConnectEDD
Un peu plus sur l'autrice
Je suis enseignante de français au secondaire depuis près de dix ans au Centre de services scolaire des Premières-Seigneuries. En 2022, j’ai expérimenté la conseillance pédagogique pendant six mois. Ensuite, je suis retournée en enseignement afin d’appliquer tout ce que j’avais pu découvrir durant cette période hautement riche en développement professionnel.