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4 astuces pour optimiser ses interventions en sous-groupe

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Introduction

Au quotidien, les enseignants doivent jongler avec les besoins de chacun de leurs élèves. Pour y parvenir, le personnel enseignant met en place des pratiques universelles pour soutenir la majorité de la classe. Malgré ces dernières, certains jeunes éprouvent plus de difficultés et bénéficient d’un soutien plus personnalisé. Afin d’assurer leur réussite, l’organisation d’interventions en sous-groupe avec l’enseignant entre donc en jeu. Voici quelques incontournables pour vous aider à intervenir efficacement auprès des élèves.

Pourquoi intervenir en sous-groupe?

Le modèle d’intervention à trois niveaux (RAI) est généralement le plus cité et le plus utilisé dans les écoles depuis plusieurs années. Au niveau 1, les enseignants intègrent des pratiques efficaces, appuyées par la recherche, dont l’ensemble de la classe bénéficie. Généralement, on peut s’attendre à ce que ces pratiques permettent à environ 80 % des élèves de progresser de façon satisfaisante. Une intervention de niveau 2 survient alors lorsqu’un nombre d’élèves rencontre des difficultés, malgré un enseignement dit efficace. Des entretiens fréquents, en sous-groupe, sont alors à privilégier. 

Ce type de regroupement a plusieurs avantages pour l’élève : 

  • Être exposé plus intensivement à des démonstrations, des explications et à des stratégies différenciées

  • Avoir des occasions supplémentaires de mettre en pratique les notions enseignées et de transférer ses connaissances

  • Recevoir des rétroactions directes et systématiques afin de mieux se réajuster

  • Favoriser sa participation et son implication par la réduction du rapport élève/enseignant.

Dans une visée de réussite pour tous, les interventions en sous-groupe sont donc primordiales. En favorisant ce genre de regroupement, l’enseignant diversifie alors l’étayage offert à ses élèves, et s’assure ainsi de respecter leur zone proximale de développement.

Zone proximale de développement (ZPD)

Correspond aux apprentissages que les élèves peuvent réaliser en bénéficiant du soutien d’une personne plus expérimentée et en ayant accès à de bons outils. Une tâche qui s’inscrit dans cette zone favorise la mobilisation de l’élève en raison du degré réaliste que représente le défi proposé.

Étayage

Désigne l’ensemble des modalités de soutien que l’enseignante met de l’avant pour que ses élèves développent leur compétence et lui permettent de devenir autonome.

Quels sont les préalables pour une intervention efficace?

Une routine connue et établie

Le temps accordé en sous-groupe est précieux. Vous souhaitez maximiser vos interventions, il est donc essentiel que le reste de la classe fasse preuve d’indépendance et d’autonomie à ce moment. Ainsi, avant même d’espérer pouvoir mettre en place ce genre de regroupement, un enseignement explicite des comportements attendus est important. L’idée d’établir une routine prévisible est tout à fait pertinente. De votre côté, vous pouvez vous consacrer à votre rôle de pédagogue, alors que vos élèves connaissent clairement les attentes à leur égard, ce qui contribue au sentiment de sécurité et de contrôle. 

Lorsque vous instaurez les interventions en sous-groupe, veillez à ce que vos élèves aient les réponses aux questions suivantes :

Cette routine doit être répétée à plusieurs reprises afin d’être acquise. N’hésitez pas à créer de petits scénarios dans lesquels les élèves sont invités à reproduire les comportements attendus. Enfin, pour faciliter encore plus l’organisation, les tableaux de choix, de problèmes et solutions ou d’élèves experts sont des outils visuels intéressants à afficher en classe. 

Une bonne planification

Des interventions efficaces en sous-groupe nécessitent d’avoir réalisé avant tout un bon portrait de classe. Après avoir colligé et analysé vos observations sur différentes tâches à divers moments, il est temps de planifier les sous-groupes.

Notons que les rencontres en sous-groupe doivent être l’occasion où les élèves reçoivent des rétroactions fréquentes, précises et immédiates. Il s’agit d’ailleurs de l’un des principaux facteurs qui contribuent le plus à l’apprentissage des élèves. 

Quels sont les éléments essentiels pour intervenir en sous-groupe?

Une fois les routines connues et les premiers regroupements planifiés, certains éléments sont aussi à considérer pour optimiser vos interventions.

Un espace défini et organisé

Afin d’optimiser vos interventions en sous-groupe, il est important de créer une ambiance plus intimiste et éloigner les distractions environnantes en créant un espace défini et organisé. Pour ce faire, tentez de : 

  • Privilégier une table en retrait autour de laquelle vos élèves pourront s’asseoir et être à proximité de vous ;

  • Avoir un tableau ou un chevalet mobile pour faire vos démonstrations ; 

  • Prévoir du matériel pour les élèves pour éviter les déplacements inutiles en cas d’oublis : paniers avec crayons, surligneurs, papillons adhésifs mobiles, aiguisoirs, tableau blanc ou pochette effaçable sont vos meilleurs amis ;

  • Organiser les périodes à l’aide de pochettes suspendues ou de classeurs pour séparer et ranger au préalable les activités prévues selon vos sous-groupes. De cette façon, elles sont rapidement à votre disposition le moment venu.

Une variété dans le matériel

Les élèves ciblés ont besoin d’un enseignement explicite supplémentaire et bien souvent, plus de manipulation. Le matériel utilisé doit être réfléchi, varié et soutenir l’atteinte de l’objectif ciblé. Il peut aussi être nécessaire d’en prévoir qui diffère de celui utilisé habituellement en grand groupe. Voici une liste pour vous inspirer :

En mathématiques : ayez toujours à votre disposition des jetons, des blocs multibases, des boutons, des réglettes, des étiquettes de nombre pouvant être utilisés pour différents concepts.

En lecture : vous pouvez facilement utiliser des cartes à tâches, des mots étiquettes, des lettres, un court album jeunesse ou un extrait d’une œuvre pour retravailler une stratégie.

En écriture : des illustrations pour inventer des phrases ou travailler l’étiquetage (nommer et écrire les mots correspondants à ce qui est vu), un texte mentor selon le genre étudié, des exemples de texte d’élèves à analyser sur lesquels travailler, des listes de mots prêts à être utilisés pour produire des phrases.

Le cahier de démonstrations est aussi un outil précieux. Dans un seul cahier, vous avez des leçons clés en main, préalablement préparées et avec tout le matériel nécessaire. Vous voulez en savoir plus? Voici un guide explicatif.

Enfin, ayez toujours des outils visuels à portée de main : vos tableaux d’ancrage en petit format, des porte-clés sur les stratégies enseignées, les aide-mémoires utilisés au quotidien. 

Ces représentations matérielles, préférablement bâties avec la classe, sont essentielles pour l’apprentissage. Elles permettent la représentation des notions enseignées, soutiennent l’acquisition et la mémorisation des contenus, et enfin, favorisent l’autonomie et l’engagement chez les élèves.

Conclusion

Les astuces proposées dans cet article ne sont que quelques exemples pour vous aider à planifier et à organiser vos sous-groupes. Cette pratique différenciée permet aux élèves d’être les interprètes principaux lors de courtes périodes d’enseignement, et ce, avec votre accompagnement. La répétition, au cœur des principes liés à un apprentissage efficace et à cette forme d’étayage, favorise un meilleur transfert et optimise la consolidation des notions à acquérir. Malgré les défis que peut engendrer ce type de regroupement, les avantages sont plus que nombreux. N’hésitez pas à plonger : vous trouverez votre propre rythme et vos propres outils au fil du temps.

Pour aller plus loin

Références bibliographiques ou sources citées

Daigle, D. et Berthiaume, R., L’apprentissage de la lecture et de l’écriture — décomposer les objets d’enseignement en microtâches pour les rendre accessibles à tous les élèves, chapitre 5, Chenelière Éducation, Montréal, 2021

Ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, Référentiel d’intervention en écriture, Québec, 2017

Montésinos-Gelet, I., Dupin de Saint-André, M. et Tremblay, O., La lecture et l’écriture — Fondements pratiques aux 2e et au 3e cycle du primaire, Tome 2, Chenelière Éducation, Montréal, 2022

Robert, K., Roberts, M.B, Sur le terrain — des outils pour la différenciation, la rigueur et l’autonomie, Éditions D’eux, Sherbrooke, 2019


Schwartz, S., Guide pour un enseignement durable au primaire, Éditions D’eux, Sherbrooke, 2016

Caroline Côté
Orthopédagogue au primaire

Passionnée de formation continue, de lecture et d’écriture, Caroline Côté est orthopédagogue depuis plus de 10 ans et a complété un DESS en éducation portant sur la différenciation et le développement du langage écrit par le biais de la littérature jeunesse. Toujours à la recherche de projets stimulants, elle collabore avec divers acteurs du milieu scolaire pour partager ses expériences et ses idées afin d’inspirer et d’accompagner les enseignants dans leurs pratiques. Collaboratrice pour le blogue J’enseigne avec la littérature jeunesse, Caroline offre aussi des formations qui touchent à la littératie. L’orthopédagogue souhaite faire la promotion de la mise en place de pratiques probantes et inclusives dans le but de mettre les élèves au cœur de leurs apprentissages pour assurer la réussite de tous.

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