Quel est l’impact de l’hygiène numérique sur la santé émotionnelle des ados et jeunes adultes?
Introduction
Les écrans et réseaux sociaux s’immiscent de plus en plus dans l’univers hors ligne de vos classes et le rôle des enseignantes à cet égard est encore peu défini. Cet article vise donc à vous outiller sur la gestion des écrans en classe et en dehors de la classe. Nous vous invitons donc à discuter avec vos élèves quant à l’utilisation de leurs écrans et de réseaux sociaux pour mieux anticiper les obstacles possibles et ainsi augmenter les émotions agréables associées.
L’impact des écrans dans nos vies
Utilisés à bon escient, les écrans ont de nombreux bienfaits dans nos vies.
Possibilité de nous relier à des gens qui habitent plus loin;
Accès à diverses sources de connaissances et d’informations;
Stimulation intellectuelle (jeux, humour, culture);
Recherche de lieux et de références;
Utilisation d’applications soutenant nos objectifs personnels (sommeil, sports, alimentation, achats simplifiés);
Facilitation du travail et de la scolarisation, etc.
Par contre, nous sommes tous à risque de subir les effets négatifs des écrans qui sont conçus pour capter notre attention le plus longtemps possible.
Des pertes de temps;
Une diminution de la capacité d’attention soutenue;
Des impacts relationnels (ex. «technoférence» : interférence de la technologie dans nos relations);
Des symptômes physiologiques (ex. maux de tête, sècheresse oculaire, courbatures, prise de poids);
Une faible tolérance à l’ennui;
Un sentiment d’insatisfaction personnelle;
Des achats non nécessaires;
Le manque de sommeil (quantité et qualité);
La fraude et l’hameçonnage;
L’exposition à des contenus traumatiques, etc.
Réseau sociaux et risques sur le bien-être
En plus des risques nommés ci-dessus, d’autres, plus spécifiquement liés aux réseaux sociaux chez les adolescents et jeunes adultes, s’ajoutent : symptômes dépressifs, anxiété, sentiment de solitude, intimidation, insatisfaction liée à l’image corporelle, difficultés à maintenir des relations hors ligne et la peur de manquer quelque chose (FOMO : Fear of missing out). Les personnes les plus à risque sont les jeunes de 16 à 24 ans qui utilisent plusieurs réseaux sociaux pendant plus de 2 heures par jour (Glazzard et Stones, 2019).
En classe, quels trucs offrir à mes élèves ?
Voici des pistes de solutions à proposer à vos élèves.
En classe, définir des règles de base concernant la gestion des écrans(ex. déposer les appareils électroniques dans un bac de rangement dans la classe ; si les élèves doivent consulter leur appareil durant une discussion, expliquer la raison à notre interlocuteur ; définir des moments clés pour consulter les écrans);
Agir comme modèle quant à l’utilisation des écrans;
S’intéresser et discuter avec vos élèves de ce qu’ils regardent sur leurs écrans et réseaux sociaux. Questionner-les sur leurs objectifs, leurs valeurs, leurs limites et leurs besoins (ex. autonomie, affiliation, compétence) liés à l’utilisation de leur appareil électronique.
Suscitez le jugement critique à l’égard des images (ex. retouches des photos, présentation de soi idyllique) et contenus vus (ex. validité des informations, anonymat et violence des commentaires, pornographie et respect);
Informez vos élèves sur le fonctionnement des réseaux sociaux et des écrans dès que l’opportunité s’y présente (algorithmes, pièges à clic, notifications en continu, lecture automatique, publicités, utilisation des métadonnées);
Rappelez à vos élèves que l'information partagée est permanente (accessible 24h/24h), publique (tout est accessible, même les conversations «privées») et qu’elle n’est pas toujours réaliste (ne représente pas toujours la vie hors ligne);
Discutez avec eux des risques liés à l’usage des écrans et des réseaux sociaux (listés précédemment);
Proposez aux élèves d'éliminer les applications et notifications non nécessaires (au besoin, utiliser des applications telles que Morph ou Bien-être numérique);
Valorisez les différents usages des écrans (ex. les utiliser pour jouer, apprendre, travailler, créer, etc.);
Utiliser les réseaux sociaux pour soutenir ses proches (ami.e.s, famille), se confier personnellement à ces derniers ainsi que pour nourrir ses passions et intérêts;
Encouragez vos élèves à mettre leur téléphone sur le mode silencieux et de le placer dans une autre pièce lorsqu’on doit se concentrer;
Diminuer le multitâche (ex. la quantité d’écrans et de pages ouvertes en même temps) et faire une chose à la fois;
Regarder les écrans à plus de 40 cm, prendre des pauses fréquentes pour regarder au loin, ne pas regarder les écrans dans le noir;
Faire des pauses actives toutes les 30 minutes;
Diversifier les types d’activités hors ligne à l’horaire (sportives, relaxantes, sociales, créatives, responsabilités, en nature, etc.);
Reconnaitre la beauté qui nous entoure (entretenir de la gratitude);
Recommandez à vos élèves d’expliquer à leurs proches leurs façons de gérer la technologie (comment et quand les rejoindre);
Invitez vos élèves à se demander à quels besoins l’utilisation de leurs écrans répond-elle ? Est-ce nécessaire ? Urgent ? Liés à leurs objectifs? Comment se sentent-ils après avoir utilisé leur écran ?
Pour aller plus loin
Orlowski, J. (Réalisateur). (2020). Derrière nos écrans de fumée [Documentaire TV]. États-Unis : Netflix.
Glazzard, J. et Stones, S. (2019). Social media and young people’s mental health. Selected Topics in Child and Adolescent Mental Health, 7.
Organisation mondiale de la Santé. (2020). Rapport mondial sur la vision. Organisation mondiale de la Santé.
Organisation mondiale de la Santé. (2021). Lignes directrices de l’OMS sur l’activité physique et la sédentarité. OMS. https://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/337003/9789240014862-fre.pdf
Royal Society for Public Health (RSPH), Status of Mind Social media and young people’s mental health and wellbeing. RSPH; 2017. https://www.rsph.org.uk/our-work/campaigns/status-of-mind.html
Un peu plus sur l'autrice
Estelle est diplômée à la maîtrise en psychoéducation par l’UdeM. Son parcours est doté de mentions d’excellence et d’une bourse d’engagement. Depuis dix ans, elle pratique comme clinicienne dans le domaine des dépendances, au scolaire, en itinérance, multiculturel, gériatrie, pédiatrie sociale, coopération internationale ainsi qu'auprès de familles, enfants, ados et adultes à la clinique CERC. Psychoéducatrice de profession, Estelle est aussi gestionnaire d’un service de psychoéducation, chargée de cours ainsi que conférencière.