Introduction
Les mathématiques sont omniprésentes dans notre vie : compter un nombre d’objets, les partager avec ses amis, cuisiner, ranger des effets personnels l’un dans l’autre, classer, construire et bien plus. Dès la naissance, notre environnement sollicite nos neurones nécessaires au traitement des mathématiques. Il est possible d’exploiter cet environnement naturel pour soutenir le développement des habiletés mathématiques de votre enfant, c’est bien vrai. Toutefois, les jeux de société peuvent également être un allié à cette cause. Découvrez comment, dans cet article.
Le jeu de société : oui, mais pourquoi?
À tout âge, certains jeux de société offrent un contexte très enrichissant pour soutenir le développement de la pensée mathématique. Pensons ici au populaire jeu de cartes «La bataille», qui permet de mettre en pratique le comptage à voix haute, le dénombrement et la comparaison de nombres, ou bien au jeu Bataille Navale, mieux connu sous le nom de «Battleship», par lequel nous utilisons un plan cartésien avec une multitude de coordonnées! Les jeux de société sont des occasions riches pour exploiter certaines habiletés qui viendront, à leur tour, contribuer au développement de la pensée mathématique chez votre enfant. (Sauvé, Renaud, et Gauvin, 2007) Pensons aussi à des jeux comme «Jour de paye» qui permettent de mettre en pratique le calcul de l’argent ou au Sudoku qui développe la logique!
Pour soutenir le développement de la pensée mathématique, les jeux s’intègrent bien dans votre quotidien. (Marinova et Biron, 2016) Étant motivé par la possibilité de gagner des points, les interactions que le jeu apporte et son aspect ludique, votre enfant n’a pas nécessairement conscience de l’habileté mathématique exploitée par le jeu de société en question. Alors, lorsque vous « jouez pour jouer », c’est-à-dire sans enseignement préalable ou pendant la joute, cela contribue tout de même à soutenir les acquis et même à en faire de nouveaux! Toutefois, on observe que si on fait un rappel de certaines notions enseignées à l’école ou de certaines stratégies avant de jouer et qu’on utilise le jeu de société pour les mettre en pratique, les connaissances s’imprègnent plus rapidement chez l’apprenant et les réutilise davantage.
De façon générale, les jeux de société sont particulièrement bénéfiques pour les enfants et les adolescents qui rencontrent des difficultés. (Marinova et Biron, 2016) Grâce à l’apprentissage par le jeu, ils osent prendre plus de risques et ont moins peur de se tromper. Pourquoi? L’estime personnelle n’est pas affectée, car ils jouent. Ils ne sont pas en classe ni devant des pairs à devoir démontrer leurs compétences.
Le jeu de société : oui, mais comment?
Pour que le jeu soit bénéfique à l'apprentissage de votre enfant, il faut qu’il soit de son niveau de compétence actuel. De plus, on observe que si les critères de choix de jeu suivants sont respectés, votre enfant démontra plus d’intérêt et d’ouverture à jouer tout en apprenant.
Temps de joute d'environ 15-20 minutes;
Règles rapides à apprendre;
Visuel du jeu attrayant et thème captivant;
Le jeu n’est pas long à sortir ni à ranger;
Niveau de difficulté raisonnable.
D’autre part, je vous le rappelle, il est encouragé de faire au préalable un rappel avec les notions vues en classe, dans la mesure du possible. Vous pouvez vous baser sur ce qui est à l’étude lors de la période de devoirs. Un rappel peut être efficace, pour aider votre enfant à faire le transfert de ses apprentissages. Par exemple, avec le jeu «C’est mon fort!» vous pourriez simplement rappeler à votre enfant que vous devez respecter l’ordre croissant des nombres pour gagner la joute.
Vous pouvez demander à votre enfant de faire un rappel pendant le temps de jeu et après la joute en lui demandant de vous raconter ce que vous venez de faire ensemble. Il en est d’ailleurs de même pour toute notion exploitée par le jeu, pas seulement pour les notions mathématiques! Le jeu devient donc un outil qui soutient l’apprentissage. Oui, on peut utiliser un jeu simplement pour stimuler des compétences ou des connaissances! La recherche nous démontre que c’est profitable d’ailleurs! De plus, la recherche nous démontre que si l’enfant bénéficie d’un rappel des compétences ou des connaissances au préalable, combiné avec la pratique par le jeu, c’est encore plus bénéfique pour son développement. (LUBIN, LANOË, PELLETIER, 2024)
Maintenir l’intérêt de l’apprenant pendant la joute!
Petit conseil! Parfois, le cerveau de l’adulte qui accompagne un plus jeune apprenant possède plus d’expériences de vie et parfois, plus de connaissances et de compétences aussi! Pendant que vous jouez avec un moins expérimenté, laissez l’enfant prendre de l’avance parfois sur vous et d’autres fois, prenez de l’avance. Ceci contribue à sa motivation! Il sent qu’il peut être de même taille que vous dans la joute. On peut aussi partager nos stratégies avec notre enfant afin qu’il ait du plaisir tout en s’améliorant. Si le niveau de difficulté du jeu est trop élevé, on peut adapter les règles, si possible, ou changer de jeu. Les jeux sont aussi une excellente occasion pour apprendre à réguler ses émotions, à gérer son impulsivité, attendre son tour et accepter de ne pas avoir la solution tout de suite. Ce sont des habiletés que votre enfant transposera également à l’école!
D’autre part, rappelez-vous que le jeu est une activité qui a pour but premier but de procurer du plaisir. Or, il faut y aller en douceur et ne pas forcer l’enfant à jouer. On propose, on joue un peu et si l’enfant est ouvert, on tente de faire un lien avec ce qu’il voit à l’école, puis on s’amuse! Lorsqu’il semble désintéressé, qu’il n’a plus d’attention ou d’intérêt, on arrête. On peut reprendre la joute plus tard ou non. Il ne faut pas que le jeu devienne une obligation : il doit rester une activité de plaisir.
Suggestions de jeux mathématiques « Coups d’cœur d’Anick » et outils pour vous!
Je partage quelques idées de jeux de société « coup de cœur » qui sauront à la fois réunir famille et amis pour un moment de plaisir, tout en sollicitant des connexions de neurones logico-mathématiques nécessaires à la vie quotidienne. C’est le temps d’allier plaisir et développement!
Mon atelier Heure et temps
Parfait pour travailler l'heure et l'orientation dans le temps en lien avec les jours, les mois et les saisons.
MATHou : la revanche des chats
Parfait pour stimuler les connaissances par rapport aux polygones, droites, angles, transformations géométriques, périmètre et l'aire!
Mission «Fractioville!»
Pertinent pour se familiariser avec les fractions et la comparaison de nombres décimaux.
Cardline Animaux
Ce jeu complet permet d'aborder les notions de poids, longueur et longévité, la conversion des mesures et ses unités, l'estimation et la lecture des mesures.
Pirate Boom
Ce jeu permet de travailler les nombres de 0 à 9, 0 à 99 et 100 et plus, en plus des 4 opérations!
Ressources pour aller plus loin
Berk, E. Laura. (2018) Le rôle du jeu de simulation dans le développement de l’autorégulation. Illinois State University, États-Unis
CTREQ. (2017). Des idées d’activités pour favoriser le développement des fonctions exécutives chez l’enfant. https://rire.ctreq.qc.ca/fonctions-executives-3/
Krasimira, M. et Biron, D. (2016). Mathématiques ludiques pour les enfants de 4 à 8 ans. Presses de l’Université du Québec, Québec.
Poncelet, D., Tinnes-Vigne, M., Vlassis, J., Kerger, S. & Dierendonck, C. (2023). Des jeux mathématiques pour soutenir le développement des premières compétences numériques chez les enfants de 4 à 6 ans : ce que pensent les parents du Grand-Duché du Luxembourg de leur implication dans ce projet à domicile. Nouveaux cahiers de la recherche en éducation, 25(1), 87–112. https://doi.org/10.7202/1106973ar
Sauvé, L., Renaud, L. & Gauvin, M. (2007). Une analyse des écrits sur les impacts du jeu sur l’apprentissage. Revue des sciences de l'éducation, 33(1), 89–107. https://doi.org/10.7202/016190ar
Rajotte, T. (2021). L’adaptation des jeux en mathématiques : pour que le plaisir dure longtemps! Dossier spécial sur le jeu en mathématiques. Vivre le primaire, 34(1), 41-43.
Un peu plus sur l'autrice
Détentrice d’un baccalauréat en adaptation scolaire et sociale, Anick se consacre depuis 2003 à la clientèle EHDAA. Spécialisée en intervention orthopédagogique, elle œuvre principalement en milieu préscolaire et primaire, tout en s'adressant également à des jeunes de 13 ans et plus. Fondatrice de la clinique Optineurones, elle est également reconnue comme conférencière et formatrice. Mme Pelletier est l'auteure de plusieurs ouvrages et jeux éducatifs, dont le "Guide des jeux de société pour apprendre en s'amusant", ainsi que créatrice de la chaîne YouTube Optijeu. Elle est à l'origine de l'approche OptiFex, conçue pour identifier et adresser les difficultés scolaires, exécutives et comportementales des élèves, en s'appuyant notamment sur la pédagogie par le jeu. Passionnée et rigoureuse, Anick Pelletier intègre sa vaste expertise et son dynamisme au cœur de son approche éducative, toujours avec le souci de comprendre et de résoudre les difficultés rencontrées par les élèves.