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L’équation mathématique de tous changements dans une école

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Introduction

Le monde de l’éducation est constamment en évolution, et les enseignants se trouvent souvent au cœur de ces changements. Qu’il s’agisse de l’introduction de nouvelles méthodes pédagogiques, de l’adoption de technologies éducatives innovantes ou de la mise en œuvre de réformes, le personnel enseignant est confronté à un flux constant de changements. Comprendre comment ces changements sont perçus et vécus par les membres du personnel est essentiel pour garantir une transition réussie. 

C’est là que l’équation du changement entre en jeu. Développée par le psychologue social David Gleicher dans les années 1960 et affinée par Kathie Dannemiller dans les années 1980, l’équation du changement offre un cadre utile pour comprendre les dynamiques du changement organisationnel. Depuis, elle a été légèrement modifiée en intégrant d’autres facteurs activables, concrets et positifs.

Cette équation est représentée comme suit : Vision + Incitation + Compétence + Ressources + Plan d’action = Changement

Cette équation indique que, pour qu’un changement réussisse, tous les facteurs doivent être présents. Dès qu’un élément est manquant, le résultat est différent.

Vision

Une vision claire de ce à quoi ressemblera l’école ou la classe après le changement est fondamentale. Les enseignants doivent être en mesure de visualiser comment le changement contribuera à atteindre les objectifs éducatifs et à améliorer l’expérience d’apprentissage des élèves. Il n’est pas étonnant que les tableaux de visualisation (vision board) aient la cote depuis de nombreuses années. En effet, avoir une vision positive de l’effet recherché favorise la persévérance face aux obstacles lors de l’appropriation d’un changement. Idéalement, cette vision est teintée des émotions recherchées qui sont fondamentales pour qu’une personne veuille sortir de sa zone de confort.

  • Enseigner sans cahier. La vision du succès pourrait être de se sentir libre de créer des projets qui se basent sur les intérêts des élèves et d’utiliser aisément la littérature jeunesse. Pour vous aider à créer une vision claire, il est important qu’elle soit spécifique et positive. Vous avez probablement vu passer un projet captivant ayant comme amorce un réseau littéraire qui vous inspire. Imaginez-le prendre vie dans votre classe! Également, les chances de réaliser un changement augmentent en partageant cette vision avec ses collègues.

  • À l’inverse, lorsque la vision n’est pas présente, on voit apparaître de la confusion. C’est notamment pour cette raison qu’il est fortement encouragé de rattacher les décisions prises dans une école au projet éducatif, qui est en quelque sorte le gardien de cette vision.

Incitation

En plus d’avoir une vision claire, il est important de comprendre ce que ce changement apportera à toutes les personnes impliquées. 

  • En mettant de côté les cahiers d’exercices, les motivations seront différentes pour les élèves et pour leurs enseignants. Bien que nous soyons tous d’accord avec le principe de changer nos pratiques pour le bien des élèves, il est important de savoir ce que ça nous apportera. En anglais, on utilise l’expression What’s in it for me? Parfois, on nous demande de changer, sans qu’on en comprenne les bienfaits. Lorsque c’est le cas, il est possible de poser des questions aux personnes qui prennent ces décisions.

  • À l’inverse, sans incitatif, le changement peut avoir lieu, mais plus lentement. Être au clair avec les avantages de changer favorise la mise en action dynamique et plus rapide.

Compétence

Parfois, il arrive que la vision soit claire et qu’on ait des incitatifs intéressants pour amorcer un changement, mais qu’on ne soit pas en mesure de le faire par manque de compétence. Il est tout à fait normal d’avoir besoin de poursuivre ses apprentissages tout au long de sa carrière, car les recherches, nos expériences et les besoins des élèves et des écoles nous amènent à remettre en question des pratiques autrefois très efficaces. Voici quelques conseils pour vous aider à développer les compétences nécessaires à un changement :

Ressources

Au-delà de la vision, des incitatifs et des compétences, il est fondamental d’avoir toutes les ressources à sa disposition pour effectuer un changement de pratique.  

  • Prenons l’exemple d’enseigner à partir de la littérature jeunesse. Avant de mettre de côté les cahiers ou manuels, il faut avoir le budget nécessaire pour acheter des albums, livres, BD, etc. en lien avec les thématiques recherchées. De même, il faut les avoir en main et planifier de les protéger pour les conserver longtemps. Il se peut aussi que vous ayez besoin de matériel complémentaire, comme des bacs, des tableaux d’affichage, etc. Du point de vue des ressources humaines, vous aurez sans doute besoin de temps de planification, seul.e ou avec des collègues.

  • À l’inverse, sans cela, la frustration apparaît, et avec raison, car nous savons que nous ne pourrons mener à bien ce changement, faute de ressources importantes. Il faut donc, dès le départ, réfléchir à toutes les ressources nécessaires, qu’elles soient financières, humaines, matérielles ou technologiques, pour garantir le succès du changement.

En se donnant les ressources nécessaires, on augmente les chances de mettre en œuvre ce changement.

Plan d’action

Le dernier ingrédient de l’équation du changement, et non le moindre, est d’avoir un plan d’action clair, concret et réaliste. Il est recommandé d’identifier les étapes clés du changement, telles que l’appropriation de nouvelles connaissances, l’achat de matériel, la planification de leçons, la création d’ateliers, etc. De plus, se donner des délais réalistes garantit une mise en œuvre en temps opportun, en prenant en compte toutes les ressources nécessaires. 

  • Évidemment, tout bon plan doit être revu de façon ponctuelle pour suivre le progrès du changement et s’ajuster en conséquence. Pour certaines personnes, il est naturel de suivre un plan d’action, alors que pour d’autres, il peut paraître contraignant. Le faire en équipe facilite donc la planification, surtout lorsqu’on se permet des moments pour reconnaître et célébrer les avancées. En partageant son plan d’action, on maximise ses chances de réussite, garantissant ainsi que toutes les étapes clés sont réalisées en temps voulu et de manière efficace.

  • À l’inverse, sans plan d’action clair, on peut arriver à un faux départ et se décourager de recommencer. Il est donc important d’en tenir compte.

Conclusion

En conclusion, en utilisant l’équation du changement comme guide, les enseignants peuvent mieux comprendre les différentes dimensions du changement et identifier les mesures nécessaires pour favoriser une transition réussie. En mettant le doigt sur les facteurs absents ou qui posent question, il est plus facile d’agir. En travaillant ensemble, le personnel enseignant du milieu de l’éducation peut surmonter les obstacles et créer un environnement propice à l’innovation et à l’amélioration continue.

Pour aller plus loin

Références bibliographiques

Bridges, W. (2019). Transitions de vie : comment s’adapter aux tournants de notre existence, Interéditions, 184 pages


Beckhard, Richard, and Reuben T Harris. (1987). Organizational Transitions. Reading, Mass.: Addison-Wesley Pub. Co., 1987. Print.

Christine Boisclair
Conseillère pédagogique et coach certifiée

Christine évolue dans le milieu de l’éducation depuis 24 ans. D’abord, enseignante au primaire, elle s’est dirigée ensuite vers un poste de conseillère pédagogique et directrice adjointe avant de se consacrer à plein temps à sa pratique de coaching professionnel. Aujourd’hui, elle accompagne les leaders pédagogiques et gestionnaires de diverses organisations et entreprises dans le but de rendre leurs milieux de travail plus inclusifs, stimulants et amusants.

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