Quel est l’impact de l’architecture d’une école sur les élèves ?

Je me questionne : est-ce que l’aménagement de nos classes et de nos cours de récréation a un impact sur la réussite des élèves ? Qu’en est-il de la conception de nos écoles ? Autrement dit, est-ce que certains aménagements physiques favorisent davantage la réussite scolaire que d’autres ? Comme nous entendons souvent parler du système scolaire finlandais et de son architecture scandinave, nous allons explorer les grands principes qui guident l’aménagement physique des établissements scolaires de ce pays qui a longtemps trôné au sommet du palmarès en éducation.

Au Québec et ailleurs dans le monde, la Finlande suscite l’admiration de nombreux pédagogues puisqu’elle est reconnue pour son système éducatif performant et créatif. Bien que cet article ne porte pas sur le système scolaire en soi, mais plutôt sur l’aménagement physique des écoles, prenons tout de même un instant pour mettre en lumière cinq caractéristiques intéressantes de l’éducation finlandaise : 

1. Les élèves commencent leur parcours scolaire à l’âge de 7 ans et aussitôt, nombre d’entre eux se rendent de façon autonome et active à l’école. En effet, l’objectif est de minimiser le temps de trajet pour les élèves.

2. L’activité physique et la nature occupent une place de choix dans la société finlandaise et cela se reflète naturellement dans les environnements scolaires et l’éducation par le plein air. 

3. Les enseignants envoient très peu de devoirs à faire à la maison.

4. Recrutés parmi les 10 % des plus talentueux, tous les enseignants possèdent une maîtrise (formation entièrement financée par l’État). Leur statut social est comparable à celui des médecins ou des avocats, ce qui met en évidence l’importance et la reconnaissance accordées à leur rôle dans la société.

5. La notation ne commence qu’en 5e année. 

Pour en savoir davantage sur le système éducatif de la Finlande, je vous recommande fortement de lire les billets de blogue de Marc-André Girard, directeur d’école et docteur en éducation. À deux reprises, au cours des 6 dernières années, il a sillonné les routes de ce pays dans le cadre de voyages pédagogiques et s’est entretenu avec de nombreux acteurs du milieu de l’éducation afin de comprendre et comparer nos systèmes éducatifs.

Quelles sont les orientations prises par la Finlande et ses voisins en ce qui concerne l’architecture et l’aménagement des écoles ? Quelles sont les méthodes pédagogiques qui se cachent derrière ces environnements d’apprentissage ? 

En examinant les salles de classe dans ce pays, il est évident que l’approche pédagogique diffère considérablement de l’enseignement magistral traditionnel. Ces aménagements semblent avoir été conçus en fonction des besoins des enfants. Voici donc un aperçu de l’école finlandaise Saunalahti, établie à Espoo, proche d’Helsinki. Cet établissement scolaire représente assez fidèlement les écoles et la vision du réseau scolaire finlandais.

Dans les salles de classe en Finlande, on peut constater la présence d’espaces propices à la collaboration, afin que les élèves aient la possibilité de travailler à divers endroits. Avec leurs espaces ouverts, non conventionnels et garnis d’outils numériques, les classes ressemblent presque aux espaces de travail collaboratifs de certaines entreprises. On se détache nettement du modèle classique de l’école où les pupitres sont organisés en rangées. Les salles de classe sont soigneusement conçues pour faciliter la tenue d’ateliers et l’enseignante peut également observer d’autres petits groupes d’élèves qui travaillent dans des espaces adjacents vitrés. 

Tous ces éléments permettent aux enseignants d’adopter l’approche entrepreneuriale en éducation et de faire travailler les élèves par projets, à leur rythme. Le travail en petits groupes avec l’enseignante, les rétroactions des pairs ou encore l’authenticité des projets réalisés sont des facteurs bénéfiques à l’apprentissage pour tous les élèves dont ceux qui rencontrent des défis sur le plan des apprentissages.

Chaque espace est prévu pour remplir plus d’une fonction, ce qui se prête parfaitement au caractère évolutif d’une journée en classe. Les élèves qui préfèrent travailler ailleurs qu’à un bureau, à une table classique ou même à l’extérieur de la classe, disposent donc de nombreuses opportunités. En effet, l’école a aménagé des espaces dans ses vastes salles multifonctionnelles et ses corridors où chaque élève peut trouver un endroit confortable pour travailler ou lire. Que ce soit en s’asseyant sur le rebord d’une fenêtre, dans un escalier plus large ou sur un module de rangement, l’école offre une variété d’espaces pour favoriser l’apprentissage. Cela s’apparente à ce que nous voyons de plus en plus au Québec.

L’approche flexible, comme l’explique cette vidéo, offre des choix aux élèves et, surtout, se jumelle à un enseignement flexible qui permet le soutien aux élèves ayant des défis d’apprentissage. Chaque élève trouve sa place et son rythme de travail. L’enseignant n’étant pas statique en avant de la classe peut circuler facilement et soutenir les élèves. Il est également très simple d’utiliser des espaces de travail pour intervenir auprès d’un sous-groupe. La différenciation devient chose du quotidien!

Depuis sa création, l’école Saunalahti est devenue un centre de vie dans le quartier. En effet, plusieurs espaces de l’école comme la bibliothèque ou la salle de sport accueillent les gens de la communauté en soirée. Les enseignants organisent également des projets et des rencontres entre les élèves de l’école et d’autres milieux communautaires annexés à leurs locaux, comme la garderie ou encore certains organismes.

Les enseignants misent alors sur l’éducation relative à l’environnement qui favorise des apprentissages signifiants et contextualisés pour les élèves. Les jeunes ayant des défis d’apprentissage ont alors une possibilité de transfert de connaissances en contextes réels et ainsi, une chance de mieux ancrer les apprentissages.

Les vastes fenêtres de l’école de Saunalahti sont spécialement conçues pour permettre un maximum de lumière naturelle à l’intérieur. Ce qui est intéressant, c’est que les classes sont dotées de fenêtres qui donnent sur l’extérieur et l’intérieur, garantissant ainsi une luminosité adéquate et agréable.

L’objectif principal est de permettre aux élèves de bénéficier au maximum de la lumière du jour, en particulier pendant les longs hivers finlandais. Ayant nous aussi d’assez longs hivers au Québec, quel devrait être notre éclairage optimal durant cette période ? Certains chercheurs ont démontré qu’en milieu scolaire, un éclairage modulable pouvant être tamisé à certains endroits ou moments de la journée serait profitable pour les élèves. (Barrett, P., Davies, F., Zhang, Y., & Barrett, L. - 2015)

En conclusion, même si la plupart de nos écoles sont différentes de celle présentée dans cet article, il faut comprendre que le mobilier et l’architecture sont au service d’approches pédagogiques. Ainsi, ces approches peuvent être mises en place dans nos classes pour soutenir les élèves. Pour en savoir plus, consultez notre dossier thématique à ce sujet.

Photos d’Andreas Meichsner etTuomas Uusheimo

Un peu plus sur l'autrice

Détentrice d’un baccalauréat en adaptation scolaire et sociale, Marie-Philippe a travaillé en classes spécialisées ainsi qu’en orthopédagogie en milieux scolaires et privés. Présentement gestionnaire et créatrice de contenus à l’Institut des troubles d’apprentissage du Québec, elle satisfait sa curiosité professionnelle en collaborant avec des experts et pédagogues passionnés. Consultante pour l’entreprise ALEO VR, Marie-Philippe conçoit des jeux visant à rééduquer les troubles spécifiques en lecture grâce à la réalité virtuelle. Elle a également fondé l’entreprise ScolAide qui vise à outiller le plus grand nombre d’enseignants et d’élèves en difficulté par le biais de conférences, consultations, capsules vidéos et documentation en ligne. Passionnée de littérature jeunesse et récipiendaire du prix Étincelle de reconnaissance en lecture du MEES, elle a complété un microprogramme en didactique cognitive des difficultés d’apprentissage de la lecture-écriture à l’UQAM et collabore au blogue J’enseigne avec la littérature jeunesse.