Éducation relative à l’environnement : contextualiser les apprentissages en sortant de la classe
Introduction
Avez-vous déjà entendu parler de l’éducation relative à l’environnement (ERE) ? Cette approche pédagogique inclusive peut soutenir vos élèves ayant des défis d’apprentissage… et tous les autres ! Démystifions l’ERE en 4 questions.
Qu’est-ce que l’éducation relative à l’environnement ?
L’éducation relative à l’environnement (ERE) est une approche pédagogique qui amène l’élève à apprendre tout en créant un rapport à l’environnement. Attention ! Bien qu’on puisse éduquer les élèves AU SUJET de l’environnement, il s’agit plutôt de les éduquer PAR et DANS l’environnement et la communauté, qui varient d’un milieu à l’autre. En apprenant en dehors des murs de la classe et en transférant leurs connaissances dans des contextes réels et significatifs, les élèves retiennent de nombreuses informations et s’engagent dans leurs apprentissages.
Par exemple, une enseignante des Îles-de-la-Madeleine pourrait amener ses élèves à analyser la biologie marine qui les entoure ou organiser une activité communautaire afin de clôturer la pêche aux homards. De son côté, un enseignant de Montréal pourrait amener ses élèves à suivre le parcours de l’eau ou des déchets dans le quartier, organiser un événement avec la maison de retraite voisine ou encore, créer un trajet historique dans le voisinage. Vivant dans deux milieux complètement opposés, ces enseignants ont toutefois une approche et une vision communes : utiliser l’environnement à proximité de l’école pour favoriser l’apprentissage de tous les élèves et les amener à développer une relation saine avec celui-ci.
Apprenez-en plus sur l’éducation relative à l’environnement dans cette capsule vidéo où Lucie Sauvé, professeure et directrice du Centr’ERE-UQAM, et les enseignants de l’école Édu2 vous partagent comment l’ERE peut faire partie de votre quotidien.
Quelle est la différence entre l’éducation relative à l’environnement et la pédagogie extérieure par la nature ?
L’approche de l’ERE se différencie de la pédagogie extérieure, bien qu’elle puisse se dérouler en contexte de nature, elle pourrait tout aussi bien se faire en milieu urbain. L’ERE se tient dans l’environnement et la communauté entourant l’école pour amener les élèves à comprendre le monde qui les entoure. La pédagogie extérieure consiste davantage à trouver des espaces de plein air et à enseigner dehors à l’aide de la nature. Pour en savoir plus, consultez nos ressources suivantes :
Guide : Se lancer dans l'éducation en plein air avec ses élèves
En quoi cette approche pédagogique est-elle favorable aux élèves ayant des défis d’apprentissage ?
Selon Lucie Sauvé, professeure émérite et directrice du Centr’ERE-UQAM, il s’agit d’aller à la rencontre de la réalité. L’ERE propose différentes stratégies pédagogiques : l’immersion dans le lieu, l’enquête, le débat, la démarche de résolution de problèmes, la pédagogie par projets, la production artistique et tant d’autres. L’élève est alors invité à prendre part à des situations concrètes, à devenir acteur de situations d’apprentissage ancrées dans son milieu et qui sollicitent sa contribution, quelle qu’elle soit et tel qu’il est.
Cette diversité d’approches et de stratégies permet de rejoindre divers types d’apprenants. Cette «pédagodiversité» permet de stimuler et de favoriser l’apprentissage de TOUS les élèves. Une large recension d’écrits en recherche montre entre autres que l’éducation relative à l’environnement accroît l’intérêt, la persévérance, la motivation des élèves et favorise la réussite.
Elle contribue à assouplir la « forme » scolaire, à ouvrir l’école sur le milieu, à ajouter de la signification aux apprentissages et surtout, à reconnaître l’élève, chaque élève, comme l’acteur clé de situations pédagogiques arrimées à sa réalité et qui sollicitent son apport unique, différencié.
Concrètement, ça ressemble à quoi ?
Cette approche pédagogique qu’est l’éducation relative à l’environnement semble significative pour les apprentissages, mais concrètement, comment faire pour l’intégrer à son enseignement ? Voici quelques exemples concrets :
Laurence, enseignante sur le Plateau Mont-Royal, est sortie de la classe avec ses élèves pour parcourir une partie du circuit touristique MURAL. En effet, à la place d’apprécier une œuvre projetée au TNI, elle a choisi d’amener ses élèves à créer une relation positive avec le quartier et l’art de rue, tout en profitant de l’occasion pour discuter des nombreux repères culturels sur leurs chemins. Plusieurs élèves ont par la suite été intéressés par les nombreuses personnalités illustrées sur les murales et ont eu envie de lire à leurs sujets. Une activité pouvant être reprise dans de nombreuses villes où les murales sont de plus en plus présentes.
Sandja enseigne au 2e cycle en Montérégie. À deux reprises l’an dernier, elle a fait appel à la communauté pour la soutenir dans sa pédagogie. D’abord, une ferme située à 3 km de l’école l’a accueillie afin que ses élèves puissent découvrir par eux-mêmes les caractéristiques des classes animales. Ensuite, elle s’est rendue dans une serre à moins de 1 km de marche où ses élèves ont pu observer les différents besoins des végétaux en fonction du temps de l’année. Ils ont pu faire des manipulations dans le potager et seront éventuellement plus aptes à transférer ce savoir-faire dans leur vie personnelle.
L’école secondaire Édu2 vit dans sa communauté de quartier. Au printemps dernier, quelques élèves de secondaire 3 ont organisé un tournoi de pétanque pour la résidence de personnes âgées avoisinante. Cette année, un groupe d’élèves a décidé d’entrer en contact avec le conseiller de l’arrondissement pour donner une vocation à un terrain vague situé tout près de l’école.
Penser en dehors de la boîte pour permettre aux élèves d’être en contact direct avec l’environnement au quotidien, c’est ce que font plusieurs écoles au Québec. Les élèves du préscolaire de la commission scolaire Marguerite-Bourgeoys ont une journée de classes hebdomadaire au musée, un projet pilote qui réinvente l’école, L’École au Musée. Une occasion incroyable pour eux d’être sensibilisés dès le jeune âge à la beauté de l’art, mais également de relier les œuvres aux matières scolaires de base pour un maximum de transfert de connaissances.
Par ailleurs, les élèves de nombreuses écoles au Québec profitent des parcs naturels et autres bijoux de la nature pour divers cours. C’est le cas, entre autres, de l’école Montessori à Magog qui amène ses élèves skier sur les pistes du mont Orford dans le cadre des cours d’éducation physique.
Alors, qu’attendez-vous pour poser un regard pédagogique sur l’environnement entourant votre école ? Ce sont tous vos élèves qui bénéficieront de contextes réels d’apprentissage et qui s’engageront !
Ressources pour aller plus loin
Un peu plus sur l'autrice
Détentrice d’un baccalauréat en adaptation scolaire et sociale, Marie-Philippe a travaillé en classes spécialisées ainsi qu’en orthopédagogie en milieux scolaires et privés. Présentement gestionnaire et créatrice de contenus à l’Institut des troubles d’apprentissage du Québec, elle satisfait sa curiosité professionnelle en collaborant avec des experts et pédagogues passionnés. Consultante pour l’entreprise ALEO VR, Marie-Philippe conçoit des jeux visant à rééduquer les troubles spécifiques en lecture grâce à la réalité virtuelle. Elle a également fondé l’entreprise ScolAide qui vise à outiller le plus grand nombre d’enseignants et d’élèves en difficulté par le biais de conférences, consultations, capsules vidéos et documentation en ligne. Passionnée de littérature jeunesse et récipiendaire du prix Étincelle de reconnaissance en lecture du MEES, elle a complété un microprogramme en didactique cognitive des difficultés d’apprentissage de la lecture-écriture à l’UQAM et collabore au blogue J’enseigne avec la littérature jeunesse.