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Mon enfant grandit dans un contexte multilingue

Petite enfance
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Introduction

Pour vous outiller face au contexte multilingue dans lequel grandit votre enfant, nous allons d’abord départager le vrai du faux en ce qui concerne le développement langagier des enfants bilingues ou polyglottes. En effet, plusieurs mythes circulent sur le bilinguisme.

 

Ensuite, nous vous fournirons des stratégies pour offrir une stimulation précoce de manière à favoriser le bilinguisme ou le multilinguisme chez votre enfant. Vous trouverez ci-dessous 6 ingrédients clés pour une éducation bilingue réussie.

 

Dans la section Pour en savoir +, vous trouverez aussi un lien vers des capsules vidéo qui vous montrent concrètement :

  • comment stimuler le langage de votre enfant en l’amenant à exprimer de nouveaux mots ;
  • comment aider son enfant qui apprend deux langues.

 

Retrouvez toutes ces informations dans le guide pratique.

→ Consultez le guide pratique [PDF]

6 mythes sur le bilinguisme

Un enfant est qualifié de bilingue lorsqu’il est exposé à deux langues et les utilise sur une base régulière. Cette définition élargie inclut les enfants qui apprennent deux langues avant l’âge de 3 ans aussi bien que ceux qui sont exposés à une seule langue depuis la naissance et qui apprennent une langue seconde après la mise en place de la langue maternelle, après l’âge de 3 ans et demi ou 4 ans.



Le fait d’exposer un enfant à plus d’une langue peut-il entraîner un retard de langage ou de la confusion ? Devrait-on parler seulement le français à la maison pour ne pas mélanger l’enfant et faciliter les apprentissages scolaires ?


Voici 6 des nombreux mythes sur le bilinguisme souvent entretenus par les parents et les intervenants en garderie ou en milieu scolaire.

6 mythes sur le bilinguisme

1• Si un enfant a un trouble du langage, il faut arrêter de lui parler dans une autre langue. FAUX.

Rien ne prouve qu’un trouble de langage s’aggrave si votre enfant est exposé aux deux langues. Néanmoins, il aura les mêmes difficultés de langage dans les deux langues. Les résultats de plusieurs études tendent à démontrer qu’il faut encourager l’apprentissage d’une deuxième langue chez les jeunes enfants ayant un trouble du langage et faciliter la communication de l’enfant dans la langue parlée avec les membres de sa famille.

 

2• Les enfants bilingues commencent à parler plus tard. FAUX.

Ils apprennent à parler au même rythme que les autres enfants. L’acquisition du vocabulaire dans chacune des langues accuse parfois un léger retard ; un enfant bilingue a souvent moins de vocabulaire dans chacune de ses langues séparément lorsque comparé à un enfant monolingue. Mais lorsque nous considérons le vocabulaire de ses deux langues, celui-ci est généralement plus étendu que le vocabulaire d’un enfant exposé à une seule langue.

 

3• Un vrai bilingue ne mélange jamais ses langues. FAUX.

Les personnes bilingues vont parfois passer d’une langue à l’autre dans une phrase ou une conversation, ce qui est parfaitement normal et ne traduit pas un retard de langage. Tous les bilingues le font, même les adultes. Ce phénomène appelé code-switching ou code-mixing survient lorsque l’individu a plus facilement accès à certains mots ou concepts dans l’une ou l’autre de ses langues. Ainsi, lorsqu’un individu mélange deux langues, il n’est pas confus ou en retard : il utilise simplement toutes les ressources langagières dont il dispose pour exprimer sa pensée !

 

4• Il faut être doué pour apprendre deux langues en même temps. FAUX.

Partout dans le monde, des enfants apprennent à parler deux langues sans problème. Mondialement, la plupart des gens parlent plus d’une langue et de nos jours, le bilinguisme est presque essentiel.

 

5• Chaque parent ne doit parler qu’une seule langue à son enfant pour ne pas engendrer de confusion. FAUX.

Il n’est pas nécessaire qu’un parent parle toujours la même langue avec l’enfant pour que celui-ci intègre bien ses deux langues. En revanche, c’est une façon simple de s’assurer que l’enfant est exposé suffisamment à chacune de ses langues, de façon à bien les maîtriser. Il existe d’autres stratégies pour favoriser le bilinguisme chez un enfant : un endroit = une langue (par exemple une langue est parlée à la maison et l’autre, à la garderie ou à l’école) ou une activité = une langue (par exemple une langue est parlée à l’heure du bain, une autre à l’heure du souper).

 

6• Les enfants sont comme des éponges et peuvent devenir bilingues sans effort. FAUX.

Il est vrai qu’il est plus facile d’apprendre une langue en bas âge. Tous les nourrissons ont l’incroyable capacité d’apprendre plusieurs langues, n’importe lesquelles. Leur cerveau emmagasine les sons qu’ils entendent puis, au fil des mois, ils chercheront à les imiter. Entre 6 et 12 mois, les enfants perdent peu à peu cette merveilleuse capacité d’apprentissage de plusieurs langues, puis de plus en plus rapidement après l’âge de 3 ans.


Toutefois, le bilinguisme ne se produit pas par osmose ! Le simple fait de regarder la télévision en anglais ne permettra pas à votre enfant de s’exprimer couramment dans cette langue. Il est essentiel de multiplier les contacts avec chaque langue de façon à fournir un bain de langage suffisant dans chacune.

6 ingrédients pour une éducation bilingue réussie

 

Plusieurs parents rencontrent des difficultés dans la transmission de leur langue maternelle à leurs enfants. Il n’est pas évident de l’utiliser activement au fil des années, d’autant plus dans le cas de langues peu valorisées par l’environnement. La difficulté de devenir, d’être ou de rester bilingue se traduit chez beaucoup d’enfants comme une difficulté d’être tout court, d’être bien dans sa peau, avec ses différences. Pour les enfants issus de familles allophones, la connaissance de la langue d’origine fait partie de la construction de leur identité et de leur sentiment d’appartenance à la culture familiale.

 

Quelles sont les meilleures pratiques pour que votre enfant en vienne à maîtriser plusieurs langues ? Voici 6 ingrédients pour une éducation bilingue réussie.

 

1. Patience

Il ne faut pas se laisser tromper par nos attentes ou par les apparences : apprendre une langue prend du temps, même quand on est enfant ! Pas moins de 3 à 7 ans d’expérience dans une langue seconde sont nécessaires avant que celle-ci soit comparable à la langue maternelle. Apprendre une langue est une entreprise longue qui demande vigilance et efforts.

 

2. Valorisation de la langue

Il est essentiel de valoriser la langue minoritaire. L’enfant doit sentir que cette langue est respectée par ses parents et par d’autres, car elle ne le sera pas forcément dans la société majoritaire. Le défi à relever est encore plus considérable quand il concerne une langue minoritaire ou faible. Les chances d’un réel bilinguisme sont meilleures si les deux langues sont reconnues dans la société.

 

3. Exposition suffisante, prolongée et soutenue

Un enfant a besoin d’être exposé à une langue au moins 30 % de son temps d’éveil pour pouvoir être considéré bilingue.

 

Il faut favoriser les périodes d’exposition prolongées de quelques heures, car l’enfant a en général besoin d’un temps d’acclimatation lorsqu’il passe d’une langue à une autre. Une fois à l’aise, il ira explorer de nouveaux « niveaux ». Diverses recherches ont démontré que l’apprentissage efficace des langues nécessitait des périodes d’étude d’une durée prolongée. Par exemple, avec une heure d’anglais par jour, les résultats seront inférieurs à ceux que permet un bloc continu de cinq heures par semaine. En une heure, la personne a tout juste le temps de s’acclimater à l’anglais, et c’est chaque fois à recommencer. Si l’on allonge cette période, la personne prend de l’aisance et creuse davantage d’aspects. Elle peut explorer des niveaux de langue supérieurs.

 

Pour être efficace, l’exposition à une langue doit être soutenue dans le temps, et non seulement de quelques semaines par année. C’est comme l’entraînement physique. Si vous passez plusieurs mois sans vous entraîner, il est possible que vous ayez besoin d’un certain temps pour « vous remettre dans le bain » lorsque vous reprendrez votre routine. Le cerveau est comme n’importe quel muscle du corps qu’il faut entraîner.

 

4. Utilité dans la vie quotidienne

On n’apprend pas une langue dans le simple but d’entraîner son cerveau (et de bénéficier au passage de tous les avantages cognitifs que cela apporte). En d’autres termes, un enfant n’apprendra pas une langue s’il n’en voit pas l’utilité. Il faut avoir l’occasion de l’utiliser !

 

5. Interactions sociales

Il faut avoir des occasions d’interagir dans la langue, de l’utiliser dans différents contextes, pas seulement de l’écouter (par exemple sur la tablette ou à la télévision). L’observation ne peut pas nuire, mais pour bien assimiler une langue, des interactions sociales riches et variées avec des locuteurs compétents sont nécessaires.


Quand on perd ses compétences dans une langue, tout n’est pas à recommencer. Au moment où on réintroduit la langue dans son quotidien, on part avec une longueur d’avance quant à « l’ouverture » de son oreille.

 

6. Stimulation du langage au quotidien

Quand un enfant bénéficie d’un milieu familial stimulant sur le plan langagier, peu importe la langue ou les langues qui y sont parlées, il peut acquérir les compétences cognitives nécessaires pour une scolarité réussie. Un enfant a besoin de développer son langage pour parler une langue.


Il existe des stratégies simples pour favoriser le développement du langage :

  • Mettez-vous à la hauteur de l’enfant quand vous lui parlez ;
  • Parlez plus lentement tout en gardant un débit naturel ;
  • Nommez et décrivez les objets et les actions dans la vie quotidienne ;
  • Utilisez des gestes naturels pour accompagner vos paroles ;
  • Lisez régulièrement des livres à la maison.
Réalité partagée

Daniel Tammet est un écrivain anglais atteint du syndrome d’Asperger. Il est reconnu pour sa passion pour les langues. Il en utilise couramment 12 : l’anglais, le néerlandais, l’allemand, l’espagnol, l’espéranto, l’estonien, le finnois, le français, le gallois, le lituanien, le roumain et l’islandais. En 2002, il a créé son propre site Web d’apprentissage des langues, Optimnem, qui connaît un franc succès.

Pour en savoir plus

 

Au fil des ans, l’Institut des troubles d’apprentissage a développé de nombreux outils pour assurer l’égalité des chances des personnes qui vivent avec un trouble d’apprentissage, leur permettre de développer pleinement leur potentiel et de contribuer positivement à la société. Voici quelques-unes des ressources sélectionnées pour vous, n’hésitez pas à les consulter.

 

La vidéo Comment stimuler le langage de votre enfant en l’amenant à exprimer de nouveaux mots  présente des trucs et astuces simples pour stimuler le langage de votre enfant au quotidien.

 

La vidéo Aider son enfant qui apprend deux langues  présente des trucs pour aider votre enfant à apprendre à lire et écrire dans deux langues.

 

Le livre Le bilinguisme, un atout dans son jeu  fournit de nombreuses stratégies utiles et applicables au quotidien pour appuyer l’enfant et lui assurer une compétence bilingue durable.

 

D’une durée de 3 heures, le webinaire Bilinguisme : mythes et réalités vous permettra de départager le vrai du faux en ce qui concerne le développement langagier des enfants bilingues, de connaître le rôle de l’orthophoniste avec cette clientèle et d’être en mesure d’offrir une stimulation précoce pour favoriser le bilinguisme chez votre enfant.



→ Découvrir la formation sur le bilinguisme

Pour aller plus loin

À voir
À lire
  • Le livre Le bilinguisme, un atout dans son jeu  fournit de nombreuses stratégies utiles et applicables au quotidien pour appuyer l’enfant et lui assurer une compétence bilingue durable.
  • Le texte Description de la réadaptation en orthophonie  de Dysphasie Québec permet de savoir à quoi s’attendre quand on entame un suivi en orthophonie.
  • Au-delà des mots : le trouble développemental du langage 
    (2e édition) – Livre publié aux Éditions du CHU Sainte-Justine (2019).
    Ce guide définit les caractéristiques du trouble avec nuance, s’attaque aux mythes qui y sont liés et permet de se préparer au diagnostic. Mettant de l’avant une approche multidisciplinaire, il relève tous les impacts sur le développement de l’enfant et permet de mieux intervenir dans le processus de réadaptation.
À consulter
  • DLD & Me 
    Initiative ayant pour but de sensibiliser le grand public au TDL et d’offrir du soutien et des ressources aux parents et aux individus concernés. (En anglais)
  • Naître et grandir 
    Source d’information fiable et validée scientifiquement, Naître et grandir a pour mission de soutenir quotidiennement les parents du Québec dans leur rôle auprès de leur enfant, dès la conception jusqu’à 8 ans.
DOSSIER RÉDIGÉ PAR AGATHE TYPULA KABOLA
M.P.O., O(c), orthophoniste
Merci à notre précieux partenaire